Interview de Damien Vinet, TLF Overseas

Lundi 1 mar 2021 | Attractivité | 5 min de lecture

En janvier 2021, les équipes de TLF Overseas, organisation professionnelle initialement implantée sur la zone cargo de l’aéroport Paris-CDG, ont intégré les bureaux de Paris CDG Alliance dédiés aux partenaires. A cette occasion, nous avons interviewé Damien Vinet, délégué aux affaires aériennes et à la sûreté, sur le rôle de TLF Overseas et l’intérêt du partenariat avec Paris CDG Alliance et la Cité des métiers du Grand Roissy – Le Bourget.

 

Présentez-vous : quel est votre parcours et votre rôle au sein de TLF ?

Je m’appelle Damien Vinet, j’ai intégré TLF Overseas en janvier 2020 comme Délégué aux affaires aériennes et à la sûreté, après 5 ans au sein du Groupe Bolloré Logistics. J’ai souhaité quitter les opérations pour être au service d’une communauté cargo* avec une vision systémique. Je suis également secrétaire de l’ACFA, association étroitement liée à TLF qui fédère l’ensemble des professionnels de la Communauté Cargo française.

 

  • TLF Overseas est une organisation professionnelle qui défend les intérêts des commissionnaires de transport (aérien et maritime) et des représentants en douanes, plus communément appelés « RDE ».
  • L’ACFA est une association qui fédère et assure la promotion de la communauté Cargo.

 

Quels sont les enjeux pour la filière cargo ?

Les demandes d’importation et d’exportation n’ont globalement pas évolué, à l’exception du e-commerce. Cependant, elles ont été confrontées pendant la crise, à une chute des capacités d’import et d’export. La raison est simple : initialement plus de 80% du fret aérien était assuré par les soutes des avions passagers. Or, avec la chute du transport aérien de passagers, les capacités ont fortement diminué. L’enjeu principal, si le transport aérien de passager ne revient pas rapidement, est donc de réussir à augmenter la capacité cargo au départ des aéroports français, afin d’être en mesure de répondre favorablement aux importateurs/exportateurs. Et ainsi éviter que les compagnies qui affrètent des avions utilisent les aéroports d’Europe ou du Benelux pour du flux à destination et au départ de la France. La capacité cargo des aéroports français est un véritable sujet aujourd’hui.

Aussi, la communauté du transport aérien, doit répondre à un enjeu de développement durable. Pour cela, nous devons intensifier la transition énergétique. Il s’agira, par exemple, de mettre en place une stratégie de réduction et de valorisation des déchets et d’améliorer l’accessibilité des plateformes aéroportuaires grâce à une offre de transport plus attractive.

J’ajouterai un dernier point. Il faut savoir que nous allons fêter les 50 ans de l’aéroport dans 3 ans. Avec cet anniversaire, nous allons connaître un « papy-boom » des experts de notre métier qui vont partir en retraite. Il est nécessaire d’anticiper ces départs et trouver des jeunes avec la meilleure formation possible, sur tous les niveaux d’études et pour les différentes fonctions. C’est un véritable enjeu pour la plateforme aéroportuaire Paris-CDG, qui va mobiliser l’ensemble des acteurs de la filière : entreprises, organismes de formation, organisations professionnelles…

 

Que pouvez-vous nous dire des métiers de demain ?

D’une manière générale, je pense que nous allons rechercher des jeunes avec une vision du métier à 360° et pas forcément une expertise technique. Ces profils maîtriseront ainsi toute la chaîne logistique et feront des choix pragmatiques et qui ont du sens. Mais le métier en soi restera le même. Il s’agit de transporter des colis d’un point A à un point B.

Le gros sujet sur notre métier, qui a vraiment fait office de besoins en formation et en recrutement c’est celui des Déclarants en douanes. On est passé d’un modèle ouvert sur le monde à une société et à un contexte international où les pays ajoutent des droits de douanes pour inciter à consommer local et à produire local. Le Brexit en est un parfait exemple. On prévoit donc une augmentation des besoins sur ces métiers avec un nouveau rôle de conseiller qui permettra notamment aux importateurs / exportateurs d’identifier la meilleure solution.

 

Comment avez-vous connu l’Alliance ? D’où est né ce partenariat ?

J’ai connu l’Alliance (à l’époque GIP Emploi Roissy) en 2019 dans le cadre d’une étude sur l’avenir de l’activité cargo sur Paris-CDG que j’ai réalisé en parallèle de ma fonction de logisticien chez Bolloré Logistics. Lorsque j’ai intégré TLF Overseas, j’ai repris contact avec l’Alliance. A ce moment-là, nous recherchions de nouveaux locaux, plus proches de la gare Roissypole et l’Alliance avait justement des bureaux disponibles pour ses partenaires. Nous n’avons pas hésité, l’emplacement des locaux était idéal pour recentrer et ouvrir notre organisation professionnelle à de nouvelles thématiques. En échange de ces bureaux, nous nous sommes engagés à contribuer aux travaux de la Cité des métiers et, plus généralement, de l’Alliance.

Les entreprises que nous représentons peuvent être très intéressées par les sujets portés par l’Alliance et la Cité des métiers. C’est là tout l’enjeu du partenariat avec TLF.

 

Quelles actions menez-vous en lien avec l’Alliance et comment envisagez-vous la suite ?

Historiquement, TLF Overseas était très axé technique et s’inscrivait dans un microcosme lié aux métiers du transport et de la logistique. Audrey Filali, déléguée aux affaires douanières chez TLF, était très attachée à ouvrir le champ d’action de notre organisation professionnelle à un écosystème beaucoup plus large (écoles, interventions pédagogiques…). La crise sanitaire de 2020 a accentué ce besoin et il nous a semblé important de réussir à mobiliser les entreprises que nous représentons sur les travaux de l’Alliance. Les différents groupes de travail portés par l’Alliance (ex : alternance, cargo…) sont des sujets importants pour les entreprises et ont un réel impact. Et quel meilleur interlocuteur que Paris CDG Alliance pour porter des sujets systémiques qui ne sont pas focalisés sur la filière transport – logistique ?

En tant qu’organisation professionnelle, nous relayons les informations de l’Alliance auprès de notre communauté et nous convions nos entreprises aux travaux de l’Alliance. L’idée, à terme, est que nos adhérents travaillent en direct avec l’Alliance. Nous n’avons aucune valeur ajoutée à être un intermédiaire. Notre objectif est de faire le lien entre l’Alliance et nos adhérents afin de les mobiliser sur des sujets transversaux qui peuvent les intéresser. Et inversement, pour nos projets nous pouvons solliciter les organismes avec lesquels l’Alliance travaille. Par exemple, nous montons actuellement un « Cargo tour » avec l’ACFA. Et ce partenariat nous permet de convier des acteurs de l’emploi tel que Pôle emploi.

Tout le monde est gagnant :

  • TLF fait son travail de transmission et bénéficie du réseau de l’Alliance ;
  • Nos adhérents profitent des travaux de l’Alliance ;
  • L’Alliance profite de l’expertise technique de notre réseau d’entreprises.

Je dirais qu’on « apprend en marchant ». C’est pour ça que ce partenariat est génial. Il y a une réelle notion de synergie. La structure est là, les locaux sont chaleureux et propices à la réflexion, ce que l’Alliance fait nous intéresse et inversement… On est vraiment dans de la création, tout est possible et imaginable. Et j’espère que dans quelques années, lorsque l’on fera le point sur ce partenariat, tout le monde y aura trouvé son compte que l’on sera jugé sur nos résultats.

S’il y a des gens passionnés pour porter ces projets, qu’on a les bons interlocuteurs et le soutien des régions, des départements, de l’Etat et des ministères on a tout à gagner. Et ça, je trouve que c’est quelque chose qui manquait très clairement. Je pense que l’univers du cargo tel qu’on le décrit aujourd’hui n’était pas considéré ou était mal perçu par l’écosystème l’entourant. Jamais le monde de la Logistique n’avait été mis autant en lumière donc profitons-en. Peut-être que ça va inspirer des jeunes qui voudront participer à cela. Et j’insiste on a besoin de tout le monde et de tous les profils possibles du moins diplômé au plus diplômé. Chacun a sa place au sein de la Green Connected Cargo Community !

 

*Cargo = transport aérien de marchandises

 

Damien Vinet

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